Histoire du Temple Shaolin
Brève Histoire du Temple de Shaolin

Temple Shaolin, situé dans la province du Henan. Ce lieu emblématique est aujourd'hui considéré comme le berceau spirituel du Kung Fu Shaolin l'un des systèmes les plus influents et anciens des arts martiaux chinois
Selon la légende, la tradition du kung fu du temple de Shaolin est née suite à l'arrivée du moine bouddhiste Bodhidharma au VIe siècle. Le style Shaolin Orthodoxe est le seul style organisé et reconnu bouddhiste jusqu'au XVIIIe siècle, bien que nombre de techniques parses se soient développées depuis des siècles. Il existe par ailleurs des styles taoïstes (comme celui de l'École du Wu Tang). L'expression "Temple Shaolin" recouvre l'ensemble des préceptes et de la tradition du Kung Fu de style Shaolin Orthodoxe, et non le seul monastère du même nom, berceau de la tradition. Au XVIIIe siècle, en effet, l'École s'était étendue bien au delà de ses murs. Le style Pei Mei est issu du Temple Shaolin.
Bodhidharma

Bodhidharma, 28ème patriarche du bouddhisme méditatif, fondateur du Kung Fu Shaolin
Sous l'influence des philosophies bouddhistes, taoïstes et confucianistes, deux grandes écoles d'arts martiaux ont vu le jour en Chine : l'école Shaolin et l'école Wu Tang. La première est fondée sur la philosophie bouddhiste, tandis que la seconde embrasse la pensée taoïste. L'école Shaolin fit son apparition au VIe siècle après J.C., bien avant son homologue taoïste qui, elle, émergea au XIe siècle. D'après la légende, l'avènement du Kung Fu Shaolin fut marqué par l'arrivée du moine bouddhiste d'origine indienne Bodhidharma au Temple Shaolin.
Né en 483 après J.C., troisième fils d'un roi brahmane du clan des Sardili et éduqué selon les normes de l'époque, cet érudit était versé dans les arts, la politique, les sutras, ainsi que les techniques de guerre.
Âgé d'à peine trente ans, il quitta le confort princier pour se consacrer à une vie religieuse dans le but de connaître l'Illumination. Moine à la renommée fameuse, il se rendit en Chine pour y propager les enseignements du Bouddha, comme beaucoup de ses homologues indiens à l'époque des Trois Royaumes (220 265 de notre ère).
Bodhidharma, alias Tamo, fut reçu au temple Kuan dans la province de Guangdong (Canton) vers 527 après J.C. Le gouverneur de Guangzhou, chef lieu de cette province, le recommanda alors à l'Empereur Wudi de la dynastie Liang (464 — 549 ap. J.C.). Son passage à Nanjin ne fut que très bref, la légende relatant que l'Empereur n'apprécia guère le discours de Tamo. De fait, il enseignait un bouddhisme plutôt révolutionnaire à l'époque, et est considéré comme le "créateur" et premier Patriarche du bouddhisme Chan. Il reprit ainsi la route en direction de Luoyang, son pèlerinage prenant fin au Monastère Shaolin, à quelques kilomètres de la capitale. Alors qu'il y enseignait le bouddhisme Chan (plus connu sous la désignation japonaise Zen) depuis plusieurs années, Bodhidharma constata que la piètre santé des moines ne leur permettait pas d'élever leur conscience et d'atteindre l'Illumination. Leur mode de vie, axé sur la méditation, négligeait l'aspect physique du corps. Consterné, Tamo se retira dans une grotte et y médita pendant plusieurs années. Comme le veut la légende, c'est de ces neuf années d'isolation que naquirent les trois livres (voir ci dessous) qui constituent à ce jour le plus ancien témoignage d'un système de connaissances structuré et complet dans le domaine des Arts martiaux en Chine.
Origines du Kung Fu

Deux moines guerriers s'entraînant à la boxe
On trouve la trace des origines du Kung Fu dans des écrits antiques datant des Royaumes Combattants (-403 -222): ceux-ci révèlent l'existence de techniques de combat, mains nues et avec armes. Les récits de bataille de cette époque témoignent de l'organisation élaborée des armées et de l'efficacité redoutable de ces guerriers. Les écoles de Kung Fu n'existant pas encore, ces techniques, développées à l'origine pour des besoins militaires, étaient enseignées par des personnages très divers, sollicités ad hoc par les empereurs. Il fallut plusieurs siècles avant qu'apparaisse une école de Kung Fu, c'est-à-dire une organisation structurée dont l'engagement était de maintenir, propager et développer l'Art martial.
Les trois livres
Les trois ouvrages traitaient des trois aspects de l'être humain selon la conception traditionnelle orientale : les corps physique, énergétique et mental. Le premier livre, le Livre de la transformation des muscles et des tendons (en cantonnais Yi Kin King), exposait des exercices de base permettant d'améliorer la robustesse et la souplesse du corps, ainsi que des techniques de combat. Le deuxième livre, le Livre du lavement de la moelle, portait sur des exercices énergétiques. Le troisième recueil était consacré au travail spirituel. À son retour, Bodhidharma enseigna ces techniques aguerrissant à la fois le corps et l'esprit. Soumis à un entraînement régulier, les moines améliorèrent leur condition physique et leur santé. Ils purent ainsi poursuivre leur travail quotidien avec plus de vigueur et leur travail spirituel avec plus de conviction.

Image la plus ancienne connue liée au "Livre de la transformation des muscles et des tendons" provenant d'une peinture sur brocart intitulée Illustration de la circulation du Qi, découverte dans les années 1970 dans une tombe ancienne à Changsha, au centre de la Chine
Détruit et reconstruit
L'apprentissage de techniques de combat les dota de moyens de défense contre les attaques de bandits de grands chemins et contre les assauts des monastères en temps de guerre. Détruit et reconstruit maintes reprises, harcelé par certains Empereurs, favorisé par d'autres, soumis aux jeux d'influence entre intrigants taoïstes, confucianistes ou bouddhistes en lutte pour l'attention impériale, le Temple Shaolin survécut à des siècles de querelles politiques. Il grandit en importance politique, économique et sociale, et acquit même une grande renommée grâce à ses moines, combattants puissants, défenseurs des démunis et des opprimés, et qui se sont illustrés dans plusieurs grandes batailles, marquant ainsi l'histoire impériale de leurs glorieux exploits.

L'armée Qing attaque le monastère de Shaolin
Prospérité
Au début de la dynastie des Tang (de 618 à 907 ap. J.C.), les moines de Shaolin jouèrent un rôle décisif dans l'assujettissement du Général Wang Shichong par l'empereur Taizong (règne de 626 à 649 ap. J.C.). En témoignage de sa reconnaissance, l'Empereur dota le monastère d'un domaine plus étendu et l'autorisa à élever sa propre armée. Le temple accrut sa réputation, sa prospérité, et devint sous les dynasties Yuan (1277 – 1368 ap. J.C.) et Ming (1368 – 1644 ap. J.C.) un centre éminent de pratique des arts martiaux.

Illustration de moines Shaolin pratiquant la boxe à mains nues et les armes
La fin du Temple
Au début de la dynastie des Qing, sous le règne de Kangxi (1661 à 1722 ap. J.C.), empereur tolérant, favorable au développement de toutes les religions, le Temple Shaolin demeurait un centre d'arts martiaux puissant dont la renommée attirait bon nombre d'étudiants. Parmi ces étudiants, plusieurs étaient des partisans de la dynastie déchue des Ming. Entraînés aux techniques de combat les plus efficaces, ces rebelles représentèrent rapidement une menace sérieuse pour le pouvoir. L'Empereur Kangxi dut alors réprimer sévèrement le Temple Shaolin. Son petit-fils, l'Empereur Qianlong (1736 à 1796 ap. J.C.), organisa de nouvelles expéditions punitives contre le temple. Les trahisons successives ajoutées au nombre croissant de sociétés secrètes rebelles, liées de près ou de loin au Monastère, menèrent à la destruction totale du temple et au massacre des moines. Seuls cinq Grands Maîtres survécurent, les "Cinq Invincibles" : Ji Sin, Fung To Tak, Miu Hin, Pei Mei et Ng Mui.

Représentation des Cinq Invincibles du Temple Shaolin, dont fait partie Pei Mei